petite histoire triste et bête

João est peintre en bâtiment, dans une grosse boîte de BTP.

Comme c’est un petit malin, il a trouvé une combine pour se faire du blé. Sans l’avis de ses responsables, il prend des initiatives: il change la couleur des murs, de la façade, prend des produits bas de gamme ou au contraire de super haut de gamme, fait bosser des copains au black pour avancer plus vite, des trucs comme ça.

Alors, à la vente de la maison, ou du lotissement, ou de l’immeuble, il compte sur la plus grosse plus-value qui va se faire pour obtenir une plus grosse prime.

La dernière fois, il avait réalisé un gros coup: pour une maison d’architecte, il a pris l’initiative de peindre tout l’extérieur en Terre de sienne rouge plutôt qu’en Ocre jaune, comme prévu.
Ayant bossé aux achats précédemment, il connait les contacts, il accès au chéquier, etc… il a donc passé commande tout seul dans son coin.
Croisant le futur proprio, il lui explique qu’il y a eu un souci dans la commande, qu’en plus c’est plus cher que prévu, et au moment où l’archi se met à gueuler comme un putois sa femme arrive et lui dit « Chéri j’adooore cette couleur, t’es trop chou! ». Du coup João s’entend dire « C’est parfait, votre prix sera le mien, merci beaucoup! ».
Donc, 50 000 euros de plus sur la facture, et donc João a eu une belle prime de de 10 000 euros.

Son contremaitre est bien venu le voir, mais pour lui dire « Tu l’as bien niqué l’autre con, bravo! »

Du coup, João s’emballe. Il fait de plus en plus n’importe quoi. Des fois ça marche, souvent non.
Ses chefs se posent des questions, mais ils se félicitent aussi quand il leur fait gagner du fric.
Et João raconte alors des conneries. Que la sous-couche est bleue mais que ça donnera de vert à la fin. Qu’il a vu avec les achats et que ça sera réglé pour la prochaine fois. Que c’était les consignes reçues, fausse preuve à l’appui. Etc…

Il magouille, il bidouille, de plus en plus, toujours plus gros.

Mais un jour, paf! L’immeuble blanc aux volets verts se retrouve entièrement bleu canard.
Personne n’en veut, il faut le vendre au tiers de sa valeur. Tout le monde engueule le pauvre João. Il se fait virer pour faute grave. Personne ne se dit que ses chefs auraient dû calmer son délire bien avant.
Et aux Prud’hommes, João est condamné à rembourser les 2 millions de pertes pour l’immeuble.

Pauvre João. Il est pas prêt de rentrer au Portugal!

Ça ne vous rappelle rien?